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Interview d'Anthony Raynard, 31 ans, apprenti en CAP Cuisine à l'Ifac

Afin de mettre en valeur la formation de cuisinier et celle de service en salle, l’équipe pédagogique de l'Ifac Campus des métiers a organisé en début d'année un concours interne pour soutenir et motiver les apprentis. 

En raison de la fermeture administrative imposée aux employeurs du secteur Cafés, Restauration, ces derniers sont majoritairement placés en activité partielle. 

A l’Ifac, cela représente 70 % de nos apprentis qui sont sans aucune activité. Les 30 % d’apprentis avec une activité en entreprise travaillent, soit dans des restaurants traditionnels pratiquant le « click and collect », soit en restauration collective (privée et publique). Cette situation occasionne un risque accru de rupture de contrat, mais aussi de non-validation des certifications visées en raison du manque d’activité en entreprise pour les apprentis qui y passent normalement 2 à 3 semaines par mois.  

Aussi, l’objectif des CFA en France et de l’Ifac Campus des métiers à Brest est d'entretenir leur motivation et leur pratique sur le secteur de métier de l’hôtellerie restauration.  

 

Concours interne Hôtellerie-Restauration : "Meilleur.e cuisinier.ère et meilleur.e serveur.se" 

Les candidats en 2ème année de CAP Cuisine devaient réaliser un plat à partir d’un panier garni imposé. Le gagnant de cette catégorie est Anthony Raynard, apprenant de 31 ans en reconversion professionnelle au sein d’un restaurant scolaire de Châteaulin. Il a intitulé son plat « Ballotine de volaille, Duxelles et légumes tournés ».  

Les candidats en 2ème année de CAP Commercialisation et services en hôtel-café-restaurant, ont quant à eux réaliser 2 cocktails : l’un sans alcool et l’autre avec alcool. La grande gagnante de cette catégorie est Léa Tretout, apprentie au Restaurant l’Océanic de Crozon. Elle a confectionné un Blue Sea (base de rhum, curaçao, jus de citron, blanc d’œuf et limonade) et un Virgin mojito.  

Les 2 gagnants ont reçu chacun un bon d’achat culturel de 300€ offert par le Foyer Socio-Educatif.  

A la suite de ce concours, nous avons posé quelques questions à Anthony Reynard afin d'en savoir plus sur son parcours professionnel et son projet de reconversion !  

 

Interview d'Anthony Reynard :

Bonjour Anthony, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?  

Anthony Raynard, j’ai 31 ans, je suis originaire du Sud-Est de la France (l’Isle sur la Sorgue, petite ville à côté d’Avignon dans le Vaucluse). Je suis arrivé à Brest en 2013 pour poursuivre des études d’urbanisme. Je suis tombé amoureux de la Région et surtout d’une bretonne avec qui j’ai eu 2 enfants, du coup je ne suis jamais retourné dans mon sud natal. 

 

Pouvez-vous nous raconter votre parcours professionnel et votre projet de reconversion ? 

Mon parcours pro n’est pas très étoffé et un peu en dans de scie, j’ai un master en urbanisme dont je ne me suis jamais servi, ou presque. J’ai fait pas mal de petits boulots après l’obtention de mon diplôme (2016) car j’ai eu beaucoup de mal à trouver un job dans mon domaine (des postes à responsabilités aux salaires faibles). Et puis je vais être franc, l’urbanisme ne m’a jamais vraiment passionné… Ce qui me plait c’est la cuisine ! Même pendant mes études je disais à mes collègues de promo qu’un jour je plaquerais tout pour me reconvertir en cuisine, voilà chose faite.  

 

Pourquoi avez-vous choisi l’Ifac Campus des Métiers pour votre formation en CAP Cuisine ? 

C’était plus avantageux pour moi d’un point de vue géographique. Et surtout, c’était le seul établissement à m’accepter sur un CAP en 2 ans au vu de mon parcours précédent. 

 

Quels ont été les moments forts de votre formation et de votre début de carrière ? 

Le retour sur les bancs de l’école avec des étudiants qui sont deux fois plus jeunes que moi ! Plus sérieusement, le grand moment de ma formation, c’était le concours de cuisine organisé par l’Ifac duquel je suis sorti vainqueur et surtout les mots et les félicitations de mon formateur Gérard Boscher. 

Les moments forts au sein de l’établissement où je travaille (lycée Jean Moulin à Châteaulin) ont été le premier service que j’ai fait avec plus de 900 couverts, le premier repas de Noël (des centaines de magrets de canard, des centaines de macarons façon Pierre Hermet), les pâtisseries faites maisons (fraisier, tartes poire-amandine, bavarois, Paris-Brest, macarons, opéra, etc.) et plus généralement les premiers mois où j’ai découvert la cuisine collective et les quantités astronomiques de nourritures que l’on y travaille. Enfin, la première remarque sympathique d’un élève : « pour une fois qu’on mange bien à la cantine » !  

 

Avez-vous déjà eu des craintes quant à votre projet de reconversion ? Quels conseils donneriez-vous à des personnes qui souhaitent faire de même ? 

Avant toute chose je tiens à dire que je n’aurai jamais pu me lancer dans cette reconversion sans le soutien de ma compagne, de mes proches et sans des séances de coaching. La rencontre avec mon futur chef de cuisine a elle aussi été décisive. Je ne me suis pas lancé en cuisine tout de suite, j’avais peur de me tromper, peur de repartir à zéro. Avant d’entamer une reconversion, j’ai fait plusieurs stages en restauration traditionnelle (La bouteille à la mer, Les p’tites recettes, la Chaumière, Ô zinc), collective (Lycée Jean Moulin, Lycée de l’Harteloire) et même gastronomique (tel de Carantec). Cela m’a permis d’avoir un aperçu du métier de cuisinier. J’ai adoré la rigueur de la cuisine gastronomique et le « coup de feu » du traditionnel mais le rythme de travail et les horaires décalés ne collaient pas avec ma nouvelle vie de jeune papa. J’ai donc essayé de trouver un compromis entre vie privée, vie professionnelle et ma passion pour la cuisine : la restauration collective. 

Mes conseils pour bien réussir sa reconversion : mûrir son projet, bien être entouré, prendre le temps de se poser les bonnes questions (importance qu’on accorde au salaire, à la qualité de vie, à la vie privée, etc.), être à l’écoute, être curieux et surtout oser ! Oser demander de l’aide, oser pousser la porte d’un restaurant pour demander un stage 

 

Quelles seront vos perspectives professionnelles à la suite de votre formation ? 

Une fois mon CAP en poche et si la Région Bretagne (mon employeur) me le permet, je suivrai le parcours « classique » des apprentis de Région : une année de perfectionnement (deux CDD de 6 mois dans un autre lycée) puis une année de « stage » avant titularisation au sein de la fonction publique. 

J’aurai aussi aimé poursuivre mon apprentissage à travers une mention complémentaire en dessert de restaurant, mais chaque chose en son temps. 

Dans un futur un peu plus lointain et une fois l’expérience acquise, je me verrai bien à la tête d’une cuisine de lycée ou autre établissement scolaire pour enseigner à nos jeunes le « bien manger ». L’idée de tenir un petit restaurant du midi ouvert uniquement en semaine me plait beaucoup. Mais avant toute chose, je vais d’abord tenter d’obtenir mon CAP. 

 

Merci Anthony pour votre témoignage ! Nous vous souhaitons une bonne continuation dans votre carrière professionnelle et espérons que vos mots motiveront les jeunes et les moins jeunes dans la leur !